dimanche, mars 26, 2006

Un pourcent de bonne foi

L’étude que j’avais mentionnée la dernière fois veut vraiment la peine d’être lue, si vous pouvez lire en Anglais. Voici la deuxième partie fascinante. Question : Est-ce que les élections étaient équitables (fair) ?
  • La population générale : OUI – 66%
  • La population Kurde : OUI – 77%
  • La population Shiite : OUI – 89%
  • La population Sunnite : OUI – 5%
Question : Est-ce que le nouveau gouvernement sera légitime ?
  • La population générale : OUI – 68%
  • La population Kurde : OUI – 81%
  • La population Shiite : OUI – 90%
  • La population Sunnite : OUI – 6%
Il arrive même dans les pays avec de longues traditions électorales que l’on trouve qu’une élection particulière n’était pas équitable. Il suffit de penser á l’élection présidentielle de 2000 et le cas de la Floride pour Bush et aussi l’élection 2004 et le cas de Ohio pour Bush. Pareille pour Chirac contre Le Pen. C’est difficile de dire que ces élections étaient vraiment équitables ou qu’elles représentaient l’esprit général du pays. Mais quand même, malgré ces problèmes, une fois que le gouvernement est en place, l’opposition se forme – non pas sur la base d’illégitimité du gouvernement mais sur la base d’opposition politique. En d’autres mots, dans une démocratie, même quand on trouve qu’une élection ne s’est pas déroulée idéalement, tant qu’il n’y avait pas de fraudes massives, on accepte le résultat et on se bat contre la politique du gouvernement et non pas le gouvernement même. Remarquez qu’il n’y a presque pas de différences entre les réponses ci-dessus. Les Sunnites qui forment une grande minorité n’arrivent pas à avaler les résultats. La légitimité même dans ce cas ne m’intéresse pas. Ce qui m’intéresse c’est l’état d’esprit de la population. Seulement un pourcent des Sunnites sont prêt à accepter un gouvernement issu d’un vote qu’ils considèrent problématique. Quand Chirac a battu Le Pen avec 80% des votes, personne ne croyait que le vote représentait réellement l’état du pays. Et d’ailleurs Chirac continue à payer le prix fort parce qu’il a commencé à croire qu’il y avait 80% du pays qui avait voté pour lui ! Malgré tout, une fois que Chirac est en place, nous ne passons pas chaque moment politique de notre vie à rappeler à tout le monde que l’élection même était contentieuse. La bonne foi démocratique nécessite cette distinction. En Iraq, puisque seulement une partie presque négligeable est prête à accorder au gouvernement le bénéfice du doute, tout discours d’analyse politique de l’Iraq qui ignore ce fait – par exemple si l’armée américaine peut partir, ou si les Iraquiens sont prêts à s’entendre cordialement – est déplacé.
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