mardi, mai 02, 2006

Guns (Water) and Roses

Drôle de monde. Les Européens trouvent – souvent pour de bonnes raisons – que les politiciens américains sont, disons-le franchement, un peu paysan. Le simplisme de la politique américaine est déplorable. Et puis il y a Douste-Blazy. Il « ne parle pas l'anglais, ni l'espagnol, ni aucune autre langue que le français ». « Le ministre n'a pas toujours une vision très claire de la géopolitque. Il s'est laissé plusieurs fois surprendre à confondre Taïwan et la Thaïlande, la Croatie et le Kosovo. Lorsqu'une catastrophe aérienne a endeuillé la Martinique, le 16 août 2005, il a voulu aussitôt se rendre à Fort-de-France. Il a fallu que l'Elysée intervienne pour rappeler que les Antilles ne sont pas un territoire étranger. Quand il s'ennuie dans une réunion, même devant les plus grands directeurs du Quai d'Orsay, il peut ostensiblement sortir son téléphone portable et pianoter des SMS sans plus rien écouter. Il y a quelques mois, Condoleezza Rice a fait appeler son cabinet. La conseillère du président américain avait joint tous ses homologues et souhaitait parler à Philippe Douste-Blazy. C'était un vendredi. Le ministre était dans sa circonscription de Toulouse. Sans traducteur ni conseiller diplomatique auprès de lui. Selon des sources diplomatiques, le Quai, à la grande surprise de Washington, a préféré dire à l'Américaine de rappeler après le week-end. Les premiers mois après son arrivée, en juin 2005, les diplomates français vivaient dans la terreur de ses gaffes. En visite à Gaza, en septembre, on le vit assurer que les Israéliens étaient prêts à embaucher de jeunes Palestiniens, alors même que les permis de travail, déjà en nombre très réduit, sont seulement attribués aux hommes mariés de plus de 35 ans depuis plus de dix ans. La presse israélienne, éberluée, l'a suivi jusqu'au musée Yad Vashem de la Shoah, à Jérusalem. Long arrêt devant une carte d'Europe qui présente chaque pays en deux colonnes figurant l'importance des communautés juives "avant et après" la seconde guerre mondiale. Le ministre français : "Il n'y a pas eu de juifs tués en Angleterre ?" Réponse gênée du conservateur du musée : "Mais, M. le ministre, l'Angleterre n'a pas été occupée par les nazis." M. Douste-Blazy n'a pas sourcillé et a repris : "Mais il n'y a pas de juifs expulsés d'Angleterre ?" » Lire la suite. Ca fait rire, n’est-ce pas ? C’est honteux aussi, mais pour des raisons encore plus graves que l’embarras. Pire encore, c’est que le monde change à cette vitesse aveuglante, qui nous empêche même de voir les problèmes. Tandis que nos politiciens – chargés des affaires étrangères – se ridiculisent, nous devrions nous soucier d’autres problèmes : « Au Kenya, les produits alimentaires cultivés pour l’exportation incluent la laitue, la roquette, les haricots, les petits pois et les brocolis. La production d’une simple salade de 50g consomme pratiquement 50 litres d’eau dans des pays où cette denrée est rare. Une salade mixte contenant des tomates, du céleri et des concombres, avec de la salade, nécessite plus de 300 litres d’eau. S’ajoutent à cela le nettoyage, le traitement et l’emballage. … En Egypte, les légumes sont devenus si importants pour l’exportation que le gouvernement a menacé d’une action militaire tout pays en amont qui construirait un barrage sur le Nil ou un de ses affluents. La moitié de toutes les fleurs coupées vendues dans les supermarchés britanniques proviennent du Kenya, où le volume des exportations vers la Grande Bretagne a augmenté de 85% entre 2001 et 2005. » Certains produisent des roses pour vivre ; d’autres vivent la vie en rose.
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