dimanche, juin 18, 2006

Un, deux, trois…silence

UN : Avant-hier, le 16 juin, c’était le trentième anniversaire du massacre de Soweto en Afrique du Sud :
Ce 16 juin 1976, tout commence par une manifestation pacifique de lycéens à Soweto, le ghetto noir construit dans la banlieue de Johannesburg par le régime d'apartheid sud-africain pour séparer les populations noires des populations blanches. Ces 15.000 à 20.000 adolescents non armés entendent protester contre un décret imposant l'afrikaans, la langue de l'oppresseur blanc, comme nouvelle langue d'enseignement dans toutes les écoles noires. La police réagit avec une force brutale, tirant à balles réelles sur ces lycéens sans défense. Dans les jours qui suivent, les émeutes se propagent à d'autres villes du pays et durent tout le reste de l'année 1976, faisant au total plus de 500 morts et des milliers de blessés.
Ils manifestaient contre l’Apartheid, mais surtout contre une loi qui subitement, sans transition ou intégration, exigeait que tout enseignement se fasse en Afrikaans, la langue des blancs de l’Apartheid. Le soulèvement, la manifestation contre le silence a marqué l’histoire de la résistance dans le pays. DEUX :
Pour Nicolas Sarkozy, il est concevable de régulariser les papiers des immigrants en situation irrégulière à condition que leurs enfants soient primo scolarisés, deuzio nés en France et tertio ne parlent pas la langue de leur pays d'origine (ailleurs, j'ai lu «n'aient aucun lien avec leur pays d'origine»)… «La langue du pays d'origine» ¬ c'est sur ce point que la «pensée» de Nicolas Sarkozy est la plus claire. Faire de la méconnaissance de la langue du pays d'origine (ou l'«absence de tout lien avec le pays d'origine») par les enfants nés en France une condition à la régularisation des familles, ce n'est pas seulement monstrueux, c'est aussi d'une grande perversité… Interdire à quelqu'un de parler sa langue ou la langue de ses parents, c'est cruel et c'est barbare. Faire de l'ignorance (ou du mensonge) une condition d'intégration, c'est pervers et monstrueux. Et, en pratique, ce n'est pas seulement monstrueux, barbare et pervers. C'est aussi très, très con. Il est impossible qu'un enfant ignore ses origines culturelles ¬ la langue d'origine en est non seulement le coeur mais aussi le vecteur. Et on peut se demander si Nicolas Sarkozy, qui n'hésite jamais à rappeler qu'il est lui-même issu d'une famille d'immigrés, ignore tout de la langue de ses ancêtres. En tout cas, le langage politique du ministre de l'Intérieur n'a rien de maternel. Ce n'est pas un langage, d'ailleurs. Un langage, c'est un outil de communication, d'échange, de partage, d'intelligence.
TROIS : John Walker Lindh – le « Taliban Américain » :
Dans un premier temps, John Walker choisit de plaider non coupable avant de finalement reconnaître avoir "rendu des services aux talibans" et "transporté un explosif". De son côté, le procureur abandonne les principaux chefs d'inculpation, notamment la participation à un complot pour atteinte à la vie d'Américains. Il s'engage à ne pas réclamer plus de 20 ans de prison sans possibilité de libération anticipée.
On ne sait pas tout de l’arrangement entre le prosecteur et Lindh. Nous n’avons que des détails vagues. Mais un article du magazine Esquire nous apprend qu’il lui est formellement interdit de parler l’Arabe – dans toute circonstance. En 2003, à la cantine, devant un gardien de prison, un autre prisonnier musulman lui sourit et dit : « Salam al-aleikum », sans connaître les conditions unique de Lindh. Ce dernier, calmement, sciemment, répond à la salutation, en arabe, « Aleikum al-salam ». Il s’achète un aller simple au mitard.
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