samedi, janvier 27, 2007

Capturer. Tuer.

Les grands titres du jour chantent la même chanson à propos de l’Iran :

L'administration Bush a autorisé l'armée américaine à tuer ou capturer les agents iraniens en Irak, dans le cadre d'une nouvelle stratégie agressive pour affaiblir l'influence de Téhéran au Moyen-Orient et l'obliger à abandonner son programme nucléaire, a rapporté vendredi le Washington Post.

Ce nouveau programme "tuer ou capturer" a été autorisé par le président George W. Bush lors d'une réunion avec ses plus hauts conseillers en automne dernier, comme d'autres mesures visant à contenir l'influence iranienne de Kaboul à Beyrouth, et, in fine, à briser la détermination iranienne dans ses efforts nucléaires, indique un article du journal.


« Tuer ou capturer. » Ca fait cow-boy ; ça fait peur ; mais encore une fois le simplisme cache d’autres perspectives.

Revenons à la dernière histoire de capture. En résumé :

Des militaires américains ont effectué [il y a deux semaines] à l'aube une perquisition au consulat d'Iran à Arbil, dans le nord de l'Irak, où ils ont interpellé cinq personnes parmi lesquelles des diplomates et des membres du personnel, ont rapporté des responsables iraniens.


Alors que les journaux continuent à citer la nouvelle ligne d’attaque de Bush – « tuer ou capturer » -- gardez en tête ce coté de la chose:

A l'heure où les Etats-Unis font monter la pression verbale et renforcent leurs troupes pour contrer l'influence iranienne en Irak…L'armée américaine détient toujours cinq Iraniens capturés au cours de ce raid. Selon le général George W. Casey Jr, qui commande les troupes américaines en Irak, les dossiers saisis lors de l'opération et les déclarations des captifs montrent que l'un d'entre eux au moins travaillait pour les services de renseignements iraniens. Pour l'Irak, qui, comme Téhéran, demande la libération des cinq hommes, l'impasse qui a suivi le raid traduit l'ingérence des Etats-Unis dans les affaires irakiennes.


Surtout :

Et le gouvernement américain s'oppose à la présence en Irak de fonctionnaires iraniens et en particulier de gardiens de la révolution. En revanche, pour l'Irak, l'Iran est le premier partenaire commercial et une source essentielle de revenus touristiques, en particulier grâce aux milliers de pèlerins chiites qui se rendent chaque année dans les villes saintes de Nadjaf et Kerbala. Une grande partie de l'économie de la région semi-autonome du Kurdistan irakien, dans le nord du pays, repose également sur le commerce avec l'Iran et sur la contrebande à destination de la République islamique. Depuis la fondation de la théocratie iranienne, en 1979, le Kurdistan est en effet devenu une zone de transit pour l'alcool, les films et les antennes satellites.

Le raid contre le bureau de la représentation iranienne, qui délivrait des visas et d'autres documents aux Irakiens désireux de voyager en Iran, a touché au cœur l'économie du Kurdistan, dont les liens commerciaux avec Téhéran étaient justement facilités par ce bureau.


Considérer ces détails négligeables, comme la survie économique, c'est moins intéressant. Capturer. Tuer. Ca, c’est de la vraie politique.
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