mardi, janvier 02, 2007

l’intégration et l’intégrisme

Sarkozy a présenté ses voeux, et il n’y avait rien de surprenant, surtout si on se rappelle que déjà il y a six mois, en Juin 2006, il avait commencé son nouveau trajet qui, comme le disait le Figaro, cherche tempérer son « libéralisme ».

Soulignons d’abord que s’il y a un éloignement du libéralisme, ce n’est pas dans le domaine économique. Le libéralisme de Sarkozy le rend trop américain pour les français. Le ministre de l’intérieur choisit donc d’insister sur les valeurs républicaines – le républicanisme ou communautarisme.

En juin 2006, il nous avait dit, par exemple : «La fracture sociale s'est transformée en désintégration sociale». Et aussi : « Ceux qui n'aiment pas la France, ceux qui exigent tout d'elle sans rien vouloir lui donner, je leur dis qu'ils ne sont pas obligés de rester sur le territoire national. »

Remarquez qu’il n’y pas d’éloignement du modèle économique américain. Dans ses vœux, il continue :

"Chers amis, faites de 2007 l'année de tous les succès pour notre pays, pour notre patrie, notre nation", assène-t-il. "Croyez-moi, si la France est heureuse, vos familles le seront aussi. Je compte sur vous, j'ai besoin de vous".

A moins de quatre mois du premier tour du 22 avril, le président de l'UMP dit vouloir rassembler ceux qui rêvent comme lui d'une France où "tout est possible".

"Si chacun d'entre vous se sent acteur de ce mouvement, si chacun d'entre vous croit dans cet idéal alors n'en doutez pas, dans quatre mois nous l'emporterons", assure-t-il. "Ce n'est pas important pour moi, ce n'est pas important pour vous, c'est important pour notre pays".


Ayant complètement contourné la question économique, il base tout sur l’intégration, faisant comme si il y avait une belle communauté déjà en place, pourrie seulement par ses ennemis, qu’il encourage à quitter le pays !

Le problème est que la différence en l’intégration et l’intégrisme devient de plus en plus floue. Il rend l’intégration impossible tout en l’exigeant. Voici un point de vue pertinent d’un collègue université aux Etats-Unis sur cette question :

Il me semble que le système français incarne de manière extrême l’universalisme le plus abstrait qui reflète « une colonialité du pouvoir à la française ». Contrairement aux discours ambiants, le communautarisme en France est surtout un communautarisme blanc, masculin et élitiste. Les instances de pouvoir, qu’il soit politique (Parlement...) ou économique (grandes entreprises) sont tenues par le même groupe qui ne cesse de reproduire ses privilèges. Le paradoxe, c’est qu’on taxe certains groupes ethniques de communautarisme alors qu’on ne leur laisse pas de véritables moyens d’accéder à certaines sphères socio-économiques. Ils ont beau subir de multiples discriminations à l’école ou au travail depuis des décennies, leur capacité à se défendre est très limité. Les émeutes d’octobre 2005 illustrent l’impasse dans laquelle se trouve le système français qui proclame d’un côté une égalité théorique et qui de l’autre échoue à imposer une réelle égalité des chances. L’idée de laïcité à la française reflète cette même logique, elle se veut universelle mais constitue plutôt une forme de « sécularisation de la cosmologie chrétienne », loin d’être neutre. La République française est, à mon avis, la sécularisation de l’évangile de saint Paul. Par exemple, la loi sur les signes religieux n’évoque pas l’idée de respect des religions. Elle sous-entend plutôt l’idée que pour être totalement français, on ne doit pas montrer que l’on a une religion. De ce fait, on ne peut définir la laïcité comme un principe de respect des religions puisqu’elle nie une partie de l’identité de certains individus. Cette loi n’apporte pas de solution à la musulmane qui est persuadée que le port du voile est une nécessité pour son salut, il en va de même pour le turban des sikhs. J’irai plus loin en soulignant le caractère ouvertement islamophobe de cette loi qui inflige à certaines populations une violence morale qu’on ne mesure pas.
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